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Apport efficace en protéines pour les porcs à l’engrais

Le thème de l’alimentation à teneur réduite en azote (N) est d’une actualité brûlante, notamment en raison de la contribution à l’utilisation efficiente des ressources pour les porcs. Une alimentation adaptée aux différentes phases de développement est le moyen le plus efficace de réduire les pertes d’azote.

Apport en protéines efficace sur le plan des ressources?
L’objectif d’une alimentation efficace des porcs est d’obtenir le rendement en viande le plus élevé possible avec le moins possible de protéines alimentaires. Ceci, bien sûr, toujours en tenant compte de la qualité de la viande.

Une alimentation efficiente en termes d’azote, c’est:

  • une alimentation adaptée aux besoins
  • un profil optimisé en acides aminés
  • des résidus et des pertes alimentaires minimales

Dans cet article, nous voudrions nous concentrer en particulier sur le premier de ces trois points.
 

Alimentation adaptée aux besoins
En plus des besoins énergétiques (exprimés en MJ EDP), le porc a besoin de protéines pendant sa croissance (exprimés en g de MA). C’est en fait une façon très simplifiée de voir les choses, puisque chaque être vivant doit couvrir un besoin en acides aminés pour sa croissance et son entretien (ainsi que pour ses performances). Une protéine est toujours constituée de plusieurs AM (acides aminés). Les besoins en nutriments évoluent au fil de la croissance d’un porc. Il en va de même de son besoin en acides aminés et donc indirectement de son besoin en protéines. Plus en avant un animal est jeune, plus le potentiel de dépôt protéique (croissance musculaire) est élevé. Plus avant dans l’engraissement, le potentiel relatif de croissance musculaire diminue, c’est-à-dire que l’animal développe une proportion plus importante de graisses parce que les nutriments fournis ne peuvent plus être convertis aussi efficacement en masse musculaire. Pour l’alimentation, cela signifie que plus le porc à l’engrais est jeune, plus la protéine alimentaire est transformée efficacement en protéine musculaire. Par conséquent, le besoin en protéines par kg d’accroissement d’un goret de 30 kg est nettement supérieur à celui d’un animal de 110 kg prêt pour l’abattoir.
Les aliments d’engraissement sont optimisés pour un poids vif de env. 50 kg.

 

Sur l’ensemble de l’engraissement, l’apport en protéines est un peu trop faible en début d’engraissement et nettement trop élevé à la fin. Cet excédent ne peut pas être valorisé par les porcs et est excrété principalement par l’urine.
Avec deux aliments différents, un aliment de pré-engraissement et un aliment de finition, on se rapproche nettement mieux des besoins de l’animal. Pour ce faire, il faut changer d’aliment lorsque l’animal atteint un PV d’environ 60 kg. La possibilité d’une alimentation multiphases permet de répondre au mieux aux besoins en acides aminés. Avec ce système, on travaille toujours avec deux aliments au moins, mais on adapte constamment les proportions des deux aliments.

Moins d’accumulation et de perte de nutriments
Plus on adapte l’alimentation des animaux à leurs besoins, moins il y a de pertes qui se retrouvent dans le lisier ou dans l’air sous forme d’ammoniac. Dans le cadre de l’IMPEX 2.8, une comparaison informatique a été effectuée entre les variantes d’alimentation suivantes pour une exploitation réelle:

Engraissement HE (haute énergie) NPr
14.0 MJ EDP, 150 g de MA, 4 g de P, aliment actuellement utilisé dans l’exploitation
Alimentation en deux phases: pré-engraissement HE NPr
14.0 MJ EDP 160 g de MA, 4 g de P et finition HE NPr 14.0 MJ EDP 135 g MA, 4 g de P

Performances d’une exploitation-type
Rendement moyen des quatre dernières séries:

  • Alimentation à volonté
  • Accroissement 27 – 114 kg = 87 kg
  • GMQ 930 g
  • IC 36.9 MJ

La littérature (Apports alimentaires recommandés et tableaux des valeurs nutritives, ALP) parle d’une réduction de 10 % de l’azote avec une alimentation en deux phases. Avec les valeurs calculées pour l’exploitation-type, nous nous situons dans cette fourchette avec une réduction de 8 %, sachant que les Apports alimentaires recommandés n’indiquent pas quelle était la teneur en MA des différents aliments.

 

Influence sur la santé animale
La réduction de l’azote a un effet positif sur la production d’ammoniac dans la porcherie, ce qui a un effet positif sur la qualité de l’air et donc sur la santé des animaux et leurs performances. Les acides aminés qui ne peuvent pas être valorisés doivent être décomposés et sont excrétés en passant par l’intestin, le sang, le foie, les reins et l’urine. S’il y a des excédents dans les aliments, cela représente une sollicitation supplémentaire pour le métabolisme du porc. Avec les teneurs standard d’un aliment d’engraissement, aucun impact négatif direct sur la santé animale n’est à craindre. Cependant, certaines études montrent qu’un animal a besoin de boire plus d’eau pour décomposer et excréter l’excès de protéines. C’est pourquoi il est fondamental que l’animal ait de l’eau à disposition.

Profil AM optimisé et digestibilité
Si l’on veut réduire la teneur en MA dans les aliments, il faut automatiquement surveiller de plus près la teneur en acides aminés des matières premières et, si nécessaire, couvrir les besoins par un apport supplémentaire d’acides aminés purs. C’est là que le concept de protéine idéale prend tout son sens. Cela signifie que tous les acides aminés nécessaires doivent être disponibles dans les bonnes proportions. La lysine, en tant que premier acide aminé limitant, est toujours décisive. Il va sans dire que les calculs de FORS sont basés sur des valeurs digestibles, car les porcs ne valorisent pas de la même façon toutes les sources de protéines.

Durable sur le plan financier?
Par rapport à un aliment d’engraissement unique, l’alimentation en deux phases permet d’économiser environ 1 CHF par porc à l’engrais. Les économies sont encore plus importantes avec l’alimentation multiphases, car il est déjà possible d’inclure les aliments de finition dans la ration à partir de 40 kg de PV.

 

Gestion de silos et systèmes d’alimentation pour l’alimentation par phases
Mis à part les avantages de l’alimentation multiphases, certains points critiques doivent être pris en compte:

  • Gestion des silos

Si l’on veut distribuer plus d’un aliment dans l’exploitation, il faut au moins un silo pour chaque aliment. Dans le cas d’un système tout dehors / tout dedans, l’alimentation par phase peut éventuellement être possible avec un seul silo. Toutefois, la quantité livrée à chaque livraison sera alors moindre. Il n’est pas recommandé de mettre deux aliments dans un même silo (par ex. en dessous aliment pour goret, au-dessus aliment de finition), car les aliments finissent toujours par se mélanger.

  • Systèmes d’alimentation

Comparé aux systèmes d’alimentation modernes tels que Spotmix ou AirFeed, qui sont conçus pour l’alimentation multiphases, l’alimentation par phase est un peu plus complexe avec les autres systèmes.
Avec une alimentation liquide, il n’y a aucun problème à mettre en place une alimentation à deux phases dans le cas d’une exploitation tout dehors/tout dedans avec deux silos. C’est déjà plus difficile avec un engraissement continu, car il faut préparer au moins deux soupes à chaque repas et les distribuer aux boxes corrects. En cas d’alimentation automatique, il doit y avoir une conduite par aliment. L’alimentation multiphases n’est pratiquement pas possible dans ce cas.

 

 

Conclusion
L’alimentation par phase est la meilleure façon de répondre aux besoins d’un porc en croissance. Ceci a un effet positif sur le climat de la porcherie et contribue à réduire de manière significative la production de N dans l’exploitation d’engraissement. Pour cette raison, il est recommandé de diviser l’engraissement en au moins deux phases d’alimentation.

Auteur: Melanie Weber

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